La Journée Internationale du cancer de l’enfant : le diagnostic précoce sauve.



Comme tout individu formé des cellules dans tout l’organisme, l’enfant n’en est pas exclu ; même des cellules jeunes peuvent être affectées par le cancer. A travers le monde, les cancers de l’enfant ont augmenté de 13% en vingt ans selon le Centre International de Recherche sur le Cancer ‘’CIRC’’ (www.lemonde.fr/planete/article/2017/04/12/les-cancers-de-l-enfants-ont-augmenté-de-13-en-vingt-ans.)

Par cancer de l’enfant, on entend toutes affections malignes survenant chez l’enfant avant 15 ans ou 19 ans. Ces cancers sont rares et représentent entre 0.5% à 4.6% de l’ensemble des cas de cancers. Globalement, les taux d’incidence varient de 50 à 200 par million d’enfant dans le monde (OMS, 2015).
Rappelons ici que les facteurs de risque des cancers chez l’enfant sont très particuliers ; nous citerons par exemples les radiations ionisantes, l’ingestion d’une hormone (les diéthylstilbestrol pendant la grossesse mais plus utilisé), la génétique très influencée par les virus comme Epstein Barr, celui de l’hépatite B, de l’herpès, et du VIH contribuant à l’augmentation du risque.

Les signes en rapport sont non spécifiques, raison de sa découverte tardive généralement. En Afrique, puisque la routine au check up médical n’est pas de mise, l’accès difficile aux services de santé et l’insuffisance des services de diagnostic aggravent.

Par-dessus, plusieurs facteurs expliquent les chances moindre de guérison dans les pays en voie de développement ou à revenu faible ainsi que le pronostic mauvais:

– Les hôpitaux mal équipés, sans médicaments et matériels adaptés (plateaux techniques),
– Les connaissances non actualisées des personnels,
– Les maladies associées.

Selon l’Institut National du Cancer (INCa) en France, chaque année, au moins 2250 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chez les enfants et les adolescents. On estime ainsi qu’un enfant sur 440 sera atteint du cancer dans 15 ans. Mais l’on signale aussi que la survie des enfants et adolescents atteints du cancer s’est améliorée de manière significative et dépasse aujourd’hui 80%, tous cancers confondus renseignait l’INCa.

Petit rappel ; les cancers les plus fréquents chez les enfants sont :

– Les leucémies : 29% des cas dont 80% de leucémies aigues lymphoblastiques.
– Les tumeurs du Système Nerveux Central (SNC) : 25% : astrocytomes, neuroblastomes…
– Les lymphomes (10%).

=) Chez les garçons, une prépondérance des lymphomes de Burkitt, Médulloblastomes ou encore les tumeurs osseuses.
=) Chez les filles, les tumeurs germinales et épithéliales (mélanomes, carcinomes thyroïdiennes) sont les plus fréquentes.
La moitié des cancers de l’enfant survient avant l’âge de 5 ans ; entre 1 à 5 ans, les leucémies prédominent, et après 5 ans ce sont les leucémies, les lymphomes et les tumeurs du SNC (www.e-cancer.fr/)

Chez les adolescents, les plus fréquents sont :

– Les lymphomes (27%, dont 75% de maladies de Hodgkin)
– Les tumeurs du SNC (17%) ;
– Les leucémies (14%, dont 63% de leucémies aigues lymphoblastiques).

En ce qui est du diagnostic précoce, il repose sur 3 éléments nécessaires :

1. La Sensibilisation des familles et l’accès aux soins,
2. L’évaluation clinique, paraclinique (Anapath) afin de déterminer les stades de la maladie,
3. L’accès au traitement.

Le diagnostic précoce est utile et augmente les chances de survie des enfants malades. Le
dépistage n’est généralement pas utile pour les cancers de l’enfant, mais dans certains cas il peut être envisagé pour les populations à risque (par ex : Les naissances après la bombe nucléaire de Nagasaki).
Le traitement est réussi pour un diagnostic précoce et correct. Chaque cancer de l’enfant nécessite un schéma thérapeutique spécial par des spécialistes en oncologie pédiatrique qui peut inclure des actes chirurgicaux, la chimiothérapie, la radiothérapie.

La liste modèle OMS des médicaments essentiels destinés à l’enfant renferme des médicaments génériques peu onéreux ; pour les cancers de l’enfant, cette liste comprend 22 traitements cytotoxiques ou traitements adjuvants et 4 traitements hormonaux. (www.who.int/cancer/children/faq)
A la fin de chaque traitement anticancéreux chez l’enfant, les spécialistes recommandent un suivi continu pour surveiller toute récidive probable et prendre en charge tôt une éventuelle toxicité au traitement. A ceci, s’en suivent des soins palliatifs et/ou psychologiques, faisant partie intégrante du schéma thérapeutique.

Par ailleurs, L’OMS en 2018, avec plusieurs partenaires (CIRC, Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et d’autres organismes des nations unies) ont lancé l’initiative mondiale de lutte contre le cancer de l’enfant, avec pour objectif de parvenir à un taux de survie de 60% au moins pour tous les enfants atteints des cancers dans le monde d’ici 2030 mais aussi, aider les pays à mettre en œuvre les meilleures pratiques du traitement du cancer de l’enfant et accorder une attention particulière mais aussi accroitre des financements au niveau national et mondial. Cette action est une mise en œuvre dans le cadre de la résolution de l’Assemblée Mondiale de la santé ‘’lutte contre le cancer dans le cadre d’une approche intégrée’’ (WHA70.12),
pour atteindre les cibles du Programme de développement durable à l’Horizon 2030 des Nations Unies et diminuer ainsi la mortalité prématurée due au cancer. (www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/cancers-in- children )

De ce fait, La Fondation Bomoko, jeune de 2 ans à peine en RDC, a eu à traiter des dossiers des enfants souffrant du cancer, dont nous rapportons ici les péripéties d’un enfant de 4 ans se présentant à la fondation avec une tuméfaction de la mandibule, l’examen au scanner a confirmé un lymphome de Burkitt, l’enfant a été prise en charge. Des cas pareils sont répertoriés aux cliniques universitaires, et mieux suivi par le département d’onco-pédiatrique.
Un deuxième cas est celui d’une fille de 17 avec cancer du sein du gauche au stade avancé, dont les appels de fonds ont été lancés en 2018, la Fondation avait répondu en faisant faire des examens paracliniques tels que la radiographie du thorax, et la biopsie Anapath, en instance de celles-ci, elle décéda vu le stade avancé de la maladie.

En conclusion, des cas de cancer de l’enfant ne devraient, en effet, toujours se conclure par la mort.
L’appel ici est de sensibiliser les familles afin de pouvoir faire diagnostiquer précocement ces tumeurs. La RDC avec sa LINAC (Ligue National de Lutte Contre le Cancer) se veulent d’une politique plus active et plus étendue afin de pallier à ces déficits tardifs de diagnostic ou même de dépistage pour les populations à risque, bien que des subventions gouvernementales soient nécessaires. A l’occasion, nous saluons le Prof Dr. Gini et l’organisation Groupe franco-africain d’oncologie pédiatrique en Afrique ‘’GFAOP’’, structure de prise en charge des cancers de l’enfant (www.gfaop.org/) qui déclaraient lors de la Conférence Internationale Afrique Contre le Cancer ‘’CIAC’’ 2018 1 ère édition: ‘’Plusieurs des cancers de l’enfant seraient mieux soignés seulement si un système d’accès au diagnostic ou dépistage précoce était de routine. Un diagnostic bon et précoce augure un pronostic bon…’’

En cette Journée Internationale du cancer de l’enfant, la solution aujourd’hui, c’est d’appliquer l’initiative mondiale pour le développement des registres du cancer, outil de prévention et d’orientation pour une meilleure prise en charge.

Par Dr. Pika, Médecin – responsable des projets à la Fondation Bomoko