Le cancer de la prostate est le cancer le plus souvent diagnostiqué chez les hommes, si l'on ne tient pas compte des cancers de la peau. Comme cause de décès par cancer dans le monde, il se classe troisième chez les hommes de 65 ans et plus.
La glande de la prostate, dont la forme rappelle celle d'une noix, constitue un important élément de l'appareil reproducteur masculin : elle sécrète des liquides qui permettent le mouvement du sperme. Elle se trouve entre le rectum et l'os pubien, sous la vessie.
Lorsque le cancer de la prostate est découvert tôt, et s'il est localisé seulement dans la prostate, le traitement aura plus de chances de réussir. Si le cancer s'étend à d'autres parties du corps, le traitement peut être plus difficile.
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CAUSES
Les tumeurs cancéreuses sont constituées de cellules qui ont subi des mutations génétiques. Ces changements génétiques entraînent la prolifération très rapide des cellules. Elles finissent par former une masse qui continue de croître et que l'on appelle une tumeur.
Dans certains cas, la mutation génétique est héréditaire. Certains cas de cancers de la prostate concernent des hommes qui présentent certaines mutations génétiques, par exemple dans les familles où on compte des personnes atteintes de cancer du sein ou des ovaires. Toutefois, la plupart des mutations génétiques reliées au cancer surviennent après la naissance.
Il y a des gènes qui ne causent pas directement de cancers, mais qui rendent les cellules plus vulnérables aux substances carcinogènes (qui causent le cancer) présentes à l'extérieur de la cellule. C'est ainsi qu'on explique le fait que les hommes de descendance africaine sont exposés à un risque deux fois plus élevé de cancer de la prostate que les hommes de race blanche.
Divers facteurs peuvent aussi augmenter ou diminuer le risque de mutation et, par conséquent, de cancer. Les scientifiques croient que les facteurs suivants augmentent le risque de cancer de la prostate :
l'âge : l'avancement en âge, en particulier après 65 ans, est associé à une augmentation du risque. les antécédents familiaux : un antécédent familial immédiat (père ou frère) de cancer de la prostate double votre risque (certaines familles portent des mutations génétiques qui augmentent le risque de contracter le cancer de la prostate). l'origine ethnique : les hommes d'origine africaine sont plus susceptibles d'être atteints d'un cancer de la prostate, tandis que ceux originaires de l'Asie orientale le sont moins.
la géographie : le cancer de la prostate est rare en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. le poids corporel, l'inactivité physique : Les hommes ayant une surcharge pondérale et qui sont inactifs sont touchés par des taux plus élevés de cancer de la prostate.
l'alimentation : un régime alimentaire riche en viandes rouges et en aliments à forte teneur en gras et faible en fruits, en légumes et en fibres est associé à une augmentation du risque.
le tabagisme : les personnes qui fument possèdent un plus grand risque de contracter le cancer de la prostate et leur pronostic est moins bon après le diagnostic.
Le régime alimentaire serait un facteur crucial dans le cancer de la prostate. Le fait que les hommes d'Afrique soient beaucoup moins souvent atteints du cancer de la prostate que les hommes afro-américains permet de croire que le régime alimentaire et le mode de vie jouent un rôle dans l'apparition de la maladie. Des recherches ont mis en évidence une relation entre les régimes alimentaires riches en matières grasses saturées et le cancer de la prostate. Selon certains experts, une consommation insuffisante de fruits et de légumes est en cause; les hommes dont le régime alimentaire est riche en matières grasses seraient plus souvent touchés par le cancer parce qu'ils mangent moins de légumes. Outre les matières grasses, un apport très élevé en calcium alimentaire a été relié au cancer de la prostate.
Par ailleurs, certains aliments protégeraient du cancer de la prostate. Les tomates, le pamplemousse et la pastèque contiennent tous du lycopène, une substance chimique qui a été reliée de façon concluante à un risque moins élevé de cancer de la prostate. De nombreuses études ont également révélé un effet protecteur de la vitamine E, du sélénium ainsi que des légumes de la famille des crucifères tels que le brocoli, le chou-fleur, les choux de Bruxelles et le chou chinois. Si vous envisagez d'enrichir votre alimentation avec ces éléments, nous vous recommandons d'en parler d'abord à votre médecin ou à votre pharmacien. En effet, la prise de suppléments alimentaires de zinc à hautes doses (plus de 100 mg quotidiens) peut par exemple augmenter le risque de survenue de l'affection. -
SYMPTÔMES ET COMPLICATIONS
En général, les tumeurs prostatiques cancéreuses sont de petite taille et ne produisent aucun symptôme. C'est pourquoi la plupart de ces tumeurs sont découvertes seulement à l'occasion d'analyses de sang ou d'un traitement chirurgical effectués pour une hypertrophie bénigne de la prostate, dont les symptômes sont souvent marqués.
Les tumeurs volumineuses, à un stade avancé, exercent une pression sur d'autres organes, tels que la vessie par exemple, ce qui cause une incontinence ou rend la miction difficile ou douloureuse. Les problèmes de miction associés au cancer de la prostate sont dus au fait que l'urètre (le tube qu'emprunte l'urine en sortant de la vessie) traverse la prostate. Ces tumeurs nuisent par ailleurs à l'activité des nerfs qui déclenchent l'érection, ce qui provoque un dysfonctionnement érectile.
Au stade avancé, les tumeurs peuvent aussi provoquer les symptômes suivants :
- une douleur résultant des pressions exercées sur la colonne vertébrale ou sur le bassin;
- de la douleur ou une sensation de brûlure à la miction;
- une émission de l'urine fréquente;
- de la douleur à l'éjaculation;
- la présence de sang dans l'urine ou le sperme;
- de la douleur ou de la raideur dans le bas du dos, les hanches ou le haut des cuisses.
Si des cellules de la tumeur sont libérées dans la circulation sanguine, elles peuvent migrer vers d'autres parties de l'organisme et commencer à se diviser pour y former de nouvelles tumeurs. Cette migration est appelée dissémination métastatique et les nouvelles tumeurs sont appelées métastases. Un cancer métastatique peut provoquer de la douleur dans d'autres parties du corps.
Les cellules cancéreuses libérées par la tumeur peuvent être transportées dans le sang, mais également dans le système lymphatique, un réseau de vaisseaux dans lesquels circule la lymphe, liquide clair qui contient des déchets et des cellules immunitaires. Les cellules cancéreuses peuvent ainsi atteindre les ganglions lymphatiques et d'autres organes. Dans le cancer de la prostate, le système lymphatique est le principal moyen de transport des métastases. Des tumeurs secondaires peuvent se former dans n'importe quelle partie du corps, par exemple dans les poumons, au cerveau ou dans les ganglions lymphatiques. Cependant, elles ont tendance surtout à atteindre les os. -
DIAGNOSTIC
Le test de dépistage du cancer de la prostate est appelé dosage de l'antigène spécifique prostatique (ASP). L'ASP est produit de façon normale par les cellules de la prostate et les concentrations d'ASP peuvent être mesurées dans un échantillon de sang. Les hommes atteints d'un cancer de la prostate présentent souvent une concentration d'ASP plus élevée que la normale. Toutefois, celle-ci peut augmenter dans des affections non cancéreuses, tout comme elle peut être faible en présence d'un cancer de la prostate. Par conséquent, il peut être nécessaire de répéter le dosage pour confirmer les résultats. Si plusieurs examens donnent des concentrations d'ASP élevées, le médecin peut demander une biopsie. À mesure que les hommes avancent en âge, le dosage de l'ASP devient moins fiable pour diagnostiquer un cancer de la prostate. Demandez à votre médecin si vous devriez avoir recours à un dosage de l'ASP.
Le médecin peut également effectuer un autre examen appelé toucher rectal, c'est-à-dire qu'il palpe la prostate de son doigt ganté. Si la palpation révèle une anomalie ou si les concentrations d'ASP sont élevées, il ordonnera une ponction-biopsie à l'aiguille, qui consiste à retirer des cellules de la prostate au moyen de 10 à 12 ponctions effectuées avec un pistolet biopsique. La manipulation du pistolet biopsique est facilitée par l'échographie transrectale, qui permet d'obtenir une image de la prostate. Le médecin peut également ordonner le prélèvement d'un échantillon des ganglions lymphatiques pour vérifier si le cancer s'est étendu. Ce prélèvement peut provoquer une douleur aiguë mais passagère. Dans certains cas, le médecin peut geler la région pour réduire la douleur.
Si les résultats évoquent un cancer, un spécialiste, appelé urologue, évaluera ensuite la taille, le stade et le grade de la tumeur. Ces données orienteront le choix du traitement du cancer. -
TRAITEMENT ET PREVENTION
Comparativement à la plupart des autres formes de cancer, les tumeurs prostatiques évoluent lentement, souvent sur une période de 10 ans ou plus, et de manière non agressive. Elles ont également tendance à apparaître tard au cours de la vie. Chez les hommes plus âgés notamment, les petites tumeurs sont laissées sans traitement. Le médecin doit alors vérifier régulièrement pour s'assurer que le cancer ne progresse pas plus rapidement que prévu. Ce processus s'appelle « surveillance active ».
Par contre, lorsque le cancer a envahi d'autres structures que la prostate, il faut administrer des médicaments anticancéreux et des analgésiques.
Lorsque le cancer est encore circonscrit à la prostate, on recourt à un traitement chirurgical ou à une radiothérapie.
La radiothérapie représente souvent une option de traitement. Votre médecin peut utiliser un faisceau de rayonnement externe ou des implants de grains radioactifs insérés à l'intérieur de la prostate ou près de celle-ci par chirurgie (brachythérapie) pour détruire les cellules cancéreuses. Les spécialistes cherchent de nouvelles façons d'administrer la radiothérapie, ainsi que de nouveaux traitements dans lesquels on administre des hormones et une radiothérapie en même temps (voir ci-après pour des renseignements au sujet de l'hormonothérapie). Si une opération chirurgicale est recommandée, l'intervention classique est la prostatectomie radicale, c'est-à-dire l'ablation totale de la prostate. Le chirurgien pratique une incision à l'abdomen ou entre l'anus et le scrotum pour enlever la prostate. Cette méthode est celle qui entraîne les meilleures chances de guérir le cancer de la prostate.
L'ablation de la prostate peut avoir des conséquences importantes, notamment l'impuissance et l'incontinence. Après l'intervention chirurgicale, la possibilité d'obtenir une érection dépend de la présence ou de l'absence de lésions aux nerfs adjacents à la prostate. Il peut arriver que les nerfs soient touchés par le cancer et qu'ils doivent être excisés. Parfois le médecin décide de laisser ces nerfs en place, mais l'impuissance se produit quand même. Vous devriez discuter avec votre médecin de la possibilité d'une intervention avec épargne nerveuse.
Quand vient le moment de choisir le meilleur traitement à administrer, le médecin et le patient doivent s'entretenir ensemble des risques et des avantages de chaque option. Les deux modalités de traitement peuvent entraîner des complications telles que l'irritation de la vessie, le dysfonctionnement sexuel et les problèmes d'incontinence anale, et la décision doit être prise en fonction de l'étendue du cancer, de l'état de santé du patient et de ses préférences. Parfois, le tissu cancéreux est détruit à l'aide d'une sonde à froid (cryochirurgie) qui gèle le tissu. Cette technique peut également entraîner l'impuissance. Cette intervention est assez récente, et on ne sait pas encore si l'efficacité à long terme est aussi favorable que celle de la prostatectomie radicale.
L'hormonothérapie a pour but de diminuer les concentrations des hormones mâles (ou androgènes), notamment la testostérone, ou d'empêcher ces hormones d'agir sur les cellules cancéreuses. Les cellules cancéreuses prostatiques ont besoin des androgènes pour se multiplier. L'hormonothérapie contribue aussi à diminuer la taille de la prostate. Cette modalité ne guérit pas le cancer, mais elle peut ralentir la croissance de la tumeur et être utile avant une intervention chirurgicale, surtout avant la cryochirurgie. Au lieu d'un traitement médicamenteux, certains hommes optent pour l'orchiectomie (ablation des testicules) pour réduire leurs concentrations de testostérone.
L'hormonothérapie et la radiothérapie sont souvent administrées ensemble aux patients dont le cancer continue de s'étendre ou réapparaît après le traitement chirurgical. On peut utiliser la chimiothérapie pour traiter le cancer de la prostate lorsque le traitement hormonal n'est plus efficace.
Votre médecin vous expliquera les diverses options de traitement en fonction de la taille, de la nature et du siège de la tumeur.
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