Fondatrice et présidente de la fondation Bomoko, la jeune femme fait de la lutte contre le cancer son cheval de bataille.
Depuis 2017, Sharufa exerce la fonction de présidente dans la fondation Bomoko, une organisation à but non lucratif qui a pour but de lutter contre le cancer en RDC. “Je l’ai dénommé Bomoko pour appeler à l’unité et surtout dire que ce n’est pas une fondation autour d’un individu mais c’est plutôt autour d’une cause qui est le cancer” déclare-t-elle.
En effet, la jeune femme veut transmettre un message d’unité et rappelle la nécessité ainsi que l’urgence de résoudre le problème du cancer qui est la source de nombreux décès au Congo. Selon elle, l’ignorance en serait le principal facteur, raison pour laquelle la fondation met l’accent sur la prévention et l’accès à l’information.
Passionnée
Polyvalente, dynamique et coriace, Sharufa, comme son nom l’indique, avance et ne laisse aucun obstacle obstruer son passage. Son altruisme ainsi que son patriotisme sont ce qui la rend unique aux yeux des siens. Elle prône le changement et désire voir la RDC se développer. “Nous avons en nous le Congo. Reflétons sa grandeur. Soyons le changement que nous voulons voir”. Conduite par sa foi et son amour pour la patrie, elle rêve d’un Congo meilleur, d’un Congo où on parle du cancer et on le soigne. Passionnée par les jeunes, elle déclare aimer s’entretenir avec ces derniers car elle se retrouve en eux.
Elle exerce le métier de consultante en communication et se rêve en directrice de campagne électorale pour un homme politique :“ ce serait pour moi un moyen de couronner le métier que j’exerce” dit-elle. Elle semble être très attachée à la vie de famille puisqu’issue d’une famille nombreuse. “Mais sinon, je rêve aussi d’être maman, avoir des jumeaux et avoir un mari aimant” déclare-t-elle avec un grand sourire.
Son histoire avec le cancer
Les décès de deux membres de sa famille suite à des cancers du sang diagnostiqués tard, survenus en un intervalle de quatre mois seulement, ont été pour Sharufa l’élément déclencheur. Ces événements tragiques l’ont interpellée et elle rencherit en ces termes : “ Étant très croyante, j’ai considéré cela comme un appel. Parce que je me dis que derrière chaque circonstance malheureuse qui nous arrive, il y a un message pour nous pousser à l’action”. Sans tenir compte de son jeune âge, ni de son incompétence car n’ayant pas fait d’études en médecine, Sharufa accepte de répondre à l’appel malgré les découragements de certaines personnes et crée officiellement la fondation en 2017 après trois ans de préparation en coulisse.
Bomoko sur terrain
Malgré le défi lié à l’immensité du pays et au financement, la fondation Bomoko marque son environnement de son empreinte. Les activités se font déjà dans sept villes du pays entre autres, à Kinshasa, Bukavu, Boma, Lubumbashi, Kisangani, Mbandaka et Matadi.
Le premier objectif de la fondation est d’apporter cette mentalité de prévention dans la culture congolaise. Car, en effet, la cause de plusieurs décès est d’avoir diagnostiqué tard la maladie. Néanmoins, grâce à elle, plusieurs vies ont déjà été épargnées de la mort depuis sa création. Il y a un bon nombre de patients suivis et soutenus par la fondation qui continuent leurs vies après le cancer. Très émue, la présidente s’exprime en disant : “ C’est un sentiment indescriptible. C’est tellement grand que je n’arrive pas à l’exprimer par des mots. Comme je suis chrétienne, je me dis que tout le mérite revient à Jesus. C’est Jésus qui l’a fait, moi je n’ai été qu’un canal. Et lorsqu’on est un canal, on se sent honoré.”
Bomoko est actuellement sur un project de construction d’un centre de cancérologie à Kinshasa et d’une maison de vie pour les malades, afin de leur apporter des soins et le comfort dont ils auront besoin durant de l’épreuve du traitement.
Le plus grand souhait de Sharufa est que le cancer soit inscrit comme une priorité sanitaire en RDC car cette maladie est une plaie qui ronge plusieurs congolais. Elle revendique l’instauration d’un programme national de la lutte contre le cancer, et espère que dans un futur proche, la RDC disposera des statistiques nationales fiables sur ce qui est de cette maladie.
La présidente est déterminée à lutter pour cette cause et souhaite que l’on reconnaisse que le cancer cause d’énormes dégâts dans notre pays; espérant que la reconnaissance et la prise de conscience mèneront à l’action. Étant consciente de la lourde tâche qui repose sur elle, c’est en toute humilité qu’elle nous invite tous dans cette lutte. Elle ambitionne être l’ambassadrice de la lutte contre le cancer en RDC. “Mon plus grand combat est d’arriver à trouver une voix pour qu’on parle du cancer chaque jour, parce que c’est une urgence” rajoute-t-elle. Toutefois, elle martèle sur le fait que Bomoko ne doit pas être associé à un individu : “Je ne veux pas que les gens accompagnent la lutte pour moi. Ça n’a rien à voir avec moi. Je veux que les gens accompagnent la lutte, pas Sharufa.”
Rédigé par Serena Kapinga